Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - DIDIER AYRES

Publié par Le Capital des Mots sur 28 Juin 2020, 20:51pm

Catégories : #poésie

 

Poème perdu

 

Une simple fenêtre dans la chambre d'or

Dans le soir la ténèbre et les passants

Trois chiens obscurs dans les nuages de janvier

Et toute la nuit où boire l'horizon

Le solstice éternel de ton front

Dans l'hypersomnie de l'après-midi

Bêtes immenses de la saison froide

Qui ressemblent à des divinités de neige

Quelque chose comme les dieux de l'an.

 

J'ai battu des villes ensanglantées

Parmi le négoce de la lumière

Un abîme de paille et de craie

Une alouette de métal qui aurait surgi avec la table

Et le néant plusieurs fois abouché

Où tombent les oiseaux de minuit

Cinq heures comme des cytises

Un asphodèle de glace

Dans l'abîme des dimanches

Ainsi que des visions de caravansérails de cuivre

La kénose le vin l'orgueil les psaumes de sel

L'oiseau incendié

Dans le ciel atomique où verse la mort

J'ai erré mille fois dans le village

Avec des chemises de ronces et de fatigue

Ainsi que la nudité et le théâtre du temps

Un bandeau d'étoiles sommaires sur la poitrine

Et une épingle d'indigo.

 

Là où court la ruelle imaginée

Là parmi des corridors de jaspe

Une musique des phalènes de verre

La fatum des herbes rouges

Ce mariage de la mort au sein des feux

Le destin pastoral de minuit

Je me suis jeté dans la maison inquiétante

Où j'ai bu des orchidées de papier

Ton visage comme une effigie et une épine.

 

Ô temps triste de l'après-midi

A la fois froid et violent comme l'angoisse

Ainsi qu'un grand bateau de sable

Un escalier au centre des choses

Le sommeil le numéro de puissance le matin

Le manège et l'abeille de givre

Comme une aiguille de grès sur ton visage

Une ombre de fer sur tout le ciel

Des hommes de pluie plus orgueilleux et plus noirs

Le jardin inondé de la nuit

Vortex des pierres

Une noctuelle de plastique comme épinglée sur la neige

Là où paissent des mésanges de cobalt

Soleil spirituel occupé et morbide

Tout cela dans la terre inversée

Toute la fratrie des centaures

Comme un tourbillon de flammes

Qui gisent et s'ouvrent en-dedans

Là au coin de la chambre et sa vision perpendiculaire

Où tombent les épées

La pâque et son écharpe de papier.

 

Oui la brutale nuit de novembre où passent des cavaliers morbides

La décennie d'ici-bas

Pierres du tombeau sacrifice un être du dimanche

Et tout cela dans le désordre du sang

Et le goût de métal de l'angoisse

Papillons du crépuscule et d'autres sommeils

Au côté de quoi je suis absent

De grands colosses de gaz.

 

Pareil je fus idéal et presque mort

Qui est un inconnu magnifique

Quelle neige au milieu des eaux !

Comme des octogones de matière

Il ne reste que la question des eaux

Un manteau de sang sur nos visages.

 

Je ne peux échapper à la chambre intérieure

Quand je bois ces gouttes d'une sorte d'opium

Des mains de pluie enfiévrées

Une guipure de feu liquide dans nos poitrines et dans nos doigts

Comme si j'étais coupable de mystère

Un disque obscur au milieu de mon front

Heureusement inquiet comme l'hiver.

 

Quelle nuit dans le ruisseau nu

Des oiseaux de silice

Qui gisent comme des objets

Marchent dans l'escalier mystique

De grandes robes de prière

Une pyramide au sein de ces rivières

Le cheval solitaire du crépuscule

Un grand univers de métal

Dans des ruelles empiriques et capiteuses

Décembre est au milieu de la mort.

 

 

 

DIDIER AYRES 

 

 

 

Il se présente : 

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il se consacre principalement à la poésie. Il a publié essentiellement chez Arfuyen. Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il gère les ateliers d’écriture créative à l’université. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire et Recours au poème.

 

Didier Ayres. - DR

Didier Ayres. - DR

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