Poème perdu
Une simple fenêtre dans la chambre d'or
Dans le soir la ténèbre et les passants
Trois chiens obscurs dans les nuages de janvier
Et toute la nuit où boire l'horizon
Le solstice éternel de ton front
Dans l'hypersomnie de l'après-midi
Bêtes immenses de la saison froide
Qui ressemblent à des divinités de neige
Quelque chose comme les dieux de l'an.
J'ai battu des villes ensanglantées
Parmi le négoce de la lumière
Un abîme de paille et de craie
Une alouette de métal qui aurait surgi avec la table
Et le néant plusieurs fois abouché
Où tombent les oiseaux de minuit
Cinq heures comme des cytises
Un asphodèle de glace
Dans l'abîme des dimanches
Ainsi que des visions de caravansérails de cuivre
La kénose le vin l'orgueil les psaumes de sel
L'oiseau incendié
Dans le ciel atomique où verse la mort
J'ai erré mille fois dans le village
Avec des chemises de ronces et de fatigue
Ainsi que la nudité et le théâtre du temps
Un bandeau d'étoiles sommaires sur la poitrine
Et une épingle d'indigo.
Là où court la ruelle imaginée
Là parmi des corridors de jaspe
Une musique des phalènes de verre
La fatum des herbes rouges
Ce mariage de la mort au sein des feux
Le destin pastoral de minuit
Je me suis jeté dans la maison inquiétante
Où j'ai bu des orchidées de papier
Ton visage comme une effigie et une épine.
Ô temps triste de l'après-midi
A la fois froid et violent comme l'angoisse
Ainsi qu'un grand bateau de sable
Un escalier au centre des choses
Le sommeil le numéro de puissance le matin
Le manège et l'abeille de givre
Comme une aiguille de grès sur ton visage
Une ombre de fer sur tout le ciel
Des hommes de pluie plus orgueilleux et plus noirs
Le jardin inondé de la nuit
Vortex des pierres
Une noctuelle de plastique comme épinglée sur la neige
Là où paissent des mésanges de cobalt
Soleil spirituel occupé et morbide
Tout cela dans la terre inversée
Toute la fratrie des centaures
Comme un tourbillon de flammes
Qui gisent et s'ouvrent en-dedans
Là au coin de la chambre et sa vision perpendiculaire
Où tombent les épées
La pâque et son écharpe de papier.
Oui la brutale nuit de novembre où passent des cavaliers morbides
La décennie d'ici-bas
Pierres du tombeau sacrifice un être du dimanche
Et tout cela dans le désordre du sang
Et le goût de métal de l'angoisse
Papillons du crépuscule et d'autres sommeils
Au côté de quoi je suis absent
De grands colosses de gaz.
Pareil je fus idéal et presque mort
Qui est un inconnu magnifique
Quelle neige au milieu des eaux !
Comme des octogones de matière
Il ne reste que la question des eaux
Un manteau de sang sur nos visages.
Je ne peux échapper à la chambre intérieure
Quand je bois ces gouttes d'une sorte d'opium
Des mains de pluie enfiévrées
Une guipure de feu liquide dans nos poitrines et dans nos doigts
Comme si j'étais coupable de mystère
Un disque obscur au milieu de mon front
Heureusement inquiet comme l'hiver.
Quelle nuit dans le ruisseau nu
Des oiseaux de silice
Qui gisent comme des objets
Marchent dans l'escalier mystique
De grandes robes de prière
Une pyramide au sein de ces rivières
Le cheval solitaire du crépuscule
Un grand univers de métal
Dans des ruelles empiriques et capiteuses
Décembre est au milieu de la mort.
DIDIER AYRES