L'Un contre l'autre , Gegenüber
II L'Un dans l'autre
( sélection de textes )
Des femmes devant toi
agitent leurs éventails
Leurs yeux cruels
cherchent à voir l'ordalie
Tu veux pour moi
satisfaire leur désir
Il n'y a pas de volcan
Tes pieds gardent leurs sandales
Mais tu sais
Il reste notre torrent
Un chœur d'amazones chantent sous tes fenêtres
leurs cheveux tombent sur les croupes et balayent les crinières
Je te suspecte de leur avoir été soumis:
ton regard farouche en reconnaît les gestes
Il ne me sert à rien d'éclater en sanglots :
ces femmes guerrières aiment à présent leur mère
Tango sous les arpèges
corps lavés par ta voix
Je soulève le voile
de nos tourments d'hier
valse vers nos victoires
mets mes pas dans tes pas
t'entends crier ta peine
coïncide avec toi
Juillet fredonne au bout du bois
indifférent
quand aux vitres les vieilles
marmonnent
jurent et menacent
quand les amants les mains aux hanches
together scandent standards et chants
quand si simples sont les oiseaux
qu'ils volent muets
sans jalousie
Ta présence dans ce rêve
évidente
Radieux ton sourire offert
à ses quatre ans
confiant
Tu lui donnais déjà l'autre
que l'on attend
Sourire que l'on cherche
pendant ce temps où
le pourquoi s'entend
Je t'ai trouvé je te garde
même sans toi
Dans mon ciel en sanglots
j'ai vu
les nuages devenir rouges
Mais je n'ai pas eu peur
d'entendre chanter
ton nom:
il l'est par des oiseaux
que dieu
a voulu peindre vermeil
En toi je m'aliène
de désir en désir
de soif en soif
J'ai faim
- pour fuir les nombres -
du chiffre un
comme une ascèse
et comme une fête
Tu avais mal en franchissant le gué
à l'orée du hameau
terme de ta fugue
Tu l'attendais
reine sans querelles
sans peuple néanmoins
Tu lui offrais ton cœur:
il ne serait jamais blasé
même aux heures noires sans horizon
sans ces chandelles de chaud espoir
J'ai mal aussi en franchissant ce gué
J'ai peur d'y voir le seigneur du passé
Je te regarde danser
sur la marelle du Temps
arabesques d'enfant
pour ma voix qui nous chante
Tu me ressembles à l'âge où
je t'imaginais m'aimant
où je ne savais pas
que tu serais comme moi
Je te vois avancer
vers la margelle du Temps
vertige de vieillard ivre
pour mes vers qui te miment
FRANCE BURGHELLE REY
Née en 1952, je vis à Fontenay-sous-bois et, certifiée de Lettres Classiques, enseigne à Paris.
Marquée par l'œuvre et la personnalité de Jean Cocteau, j'ai fait ma maîtrise sur le Visible et l'Invisible dans son œuvre. Mon DEA, ensuite, a porté sur la théorie moderne de la création.
Ecrivaine de l'ombre, j'ai souvent repris l'étude et l'écriture mais sans jamais publier. Ainsi de 1997 à 2004 ai-je écrit trois romans et un recueil de nouvelles après avoir laissé en friche un certain nombre de poèmes et de chansons ( paroles et musique ).
La poésie semble bien mon mode privilégié d'expression car j'ai toujours recherché la concision et l'ellipse à la limite du silence.
Elle représente aussi pour moi mise à distance et don à l'autre comme on peut l'entendre dans les titres de mes deux recueils récents: Lyre en double ( 80 p.) et Odyssée en double ( 80 textes) Une trilogie est prévue avec un nouveau recueil en cours: Gegenüber: L'Un contre l'autre
Je suis membre de l'Association Hélices Poésie fondée en 1994 par Emmanuel Berland.
Textes parus et à paraître, dans Le Capital des mots, Patrimages, Communic-art et Mouvance.ca sur internet, dans les Revues Libelle, Comme en poésie, Poèmes épars, Poésie première, Décharge.
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