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J'ai vu
la ville s'alanguir
petit matin calme
avril sous la pluie
Un dimanche
gorgé de pollen
et de murmures forestiers
J'ai croisé ton regard
comme autant de
paysages
Je vagabonde désormais
à travers les
apparences
J'avance
et je m'enfonce
dans tes labyrinthes
Mon oeil s'allume
et l'émotion prend
feu
J'aime
cette petite lumière du jour
et ton sourire qui me rassure
Toi !
si présente
et tes yeux toujours habités.
*
Ce matin, le soleil est au rendez-vous.
Le vent se lève,
hâte -toi ! Mets les voiles !
Tu planteras ton drapeau le long de la voie lactée.
Laisse tomber tes oripeaux, tope là tes affaires.
Mouille tes lèvres et pose tes bras blancs
sur ton drôle d'oiseau à
cornes.
Plus tard, naîtront des villes sous les branches
et des
fontaines aux lumineuses dentelles.
*
Etrange le temps qui va ?
Au loin tu vois passer des
femmes,
des hommes, des hommes et des femmes.
Tu dessines -des chats ;
parfois de ta fenêtre
tu regardes le ciel
écrasé de sommeil.
Te souviens-tu des hauts plateaux déserts,
des îles
Ouac-Wac, du capitaine Némo ?
Toi qui voyages en SMS sur ton drôle de coquillage.
*
Ils ont encadré l'avenir,
mais mon domaine est
grand.
Le vent bourdonne dans ma tête
et me poursuit aussi fort que mes rêves.
Toujours quatre murs.
Le monde est sans
limite.
J'attends calmement une parole de chair.
Un printemps
d'éxubérance,
une page blanche.
Demain est encore loin.
Dans la plaine passent des
trains
vides de tout voyage.
*
Je déambule plus que je ne guette,
me faufile sous le pont
du chemin de fer,
me trombinoscope un aménagement de paysage,
reviens sur mes pas, cueille des violettes.
Goguenant, un avion se pose derrière les collines
comme
entre deux meules de foin.
En contrebande de nos munificences,
des minettes
s'impatientent, tournent sur elles-mêmes.
Plaisantent sur des choses graves.
J'aime cette petite lumière du jour
et ces coquelicots aux
grandes manières.
Plus tard viendront de prometteuses pyramides,
le temps d'un millésime.
Il m'arrive à mon insu, de rêver encore et encore.
Une
dernière fois.
*
Mon jardin
aux fenêtres grandes
ouvertes
sur un matin de camélias
Voici
les premiers rayons
d'un soleil de printemps
A la radio
j'écoute Bashung
"si loin de moi"
Chapelet de
nouvelles
Nos envies, nos amours, nos héros...
Je regarde le ciel
Bleus sont les nuages qui
passent
et toujours le chat noir
du voisin dans mes pattes
Aucun signe complice
pour la pelouse
rebelle
et la vigne s'accroche
de tout mon désespoir
saison après saison
aux murs de la maison
La vie, le vent...
Douces et
douloureuses
sont les griffures du temps
RICHARD TAILLEFER
Richard Taillefer
Poète revuiste, cofondateur de la revue Poésimage.
Né le 21 avril 1951 à Montmeyan (Var). Enfance et adolescence à Marseille.
Vit à Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne.
Conducteur de trains.
A publié: Combat pour un amour (1977), Litanies pour quatre saisons (Froissart 1981),
Au rond point des falaises (prix Froissart 1984), Corps de papiers (La table Rase 1991).
participation à de nombreuse revues.
Entretiens avec les peintres. Emile Sabouraud, Henri Goetz, Bengt Lindstrôm, Edouard Pignon,
Patrick Lipski, José Prédros I Ginestar...
Invité au salon du livre de Montréal en 1986 dans le cadre l'OFQJ.
A participé à l'anthologie ( "S'il te pait destine mois un poème" éd.haut de france 114 poètes sollicités par de jeunes
collègiens du Nord)
Président de la Maison de la culture "Espace Prévert" à Savigny-Le-Temple de 1993 à 1998.
Depuis 2001 assure la fonction de Maire adjoint délégué à la culture.
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