Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS n°16- Avril 2009- Andrea d'Urso-

Publié par LE CAPITAL DES MOTS ( revue de poésie) sur 1 Mars 2009, 00:03am

Catégories : #poèmes

 

 

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Extrait de « Occidente Express »

traduction : Céline Petitcolin


INUTILE

 

 

 

Énième autobus du soir, énième autobus de retour,

énième autobus sans avoir le plaisir de se heurter au contrôleur,

figure désormais recyclable pour les contes de fées à raconter un jour aux petits-enfants.

Considération: mon abonnement actuel a été inutile,

comme toute une file de choses inutiles qui me passent à cet instant par la tête,

comme le générique d’un film,

alors que l’instinct de conversation de ma voisine a précédé le mien,

qui est décidément faible, découragé, ce soir.

Inutile, par exemple, de chercher à nous expliquer le monde

Si le monde ne se décide pas d’abord à expliquer « nous » finalement,

inutile de se mettre à prévoir notre futur

si nous n’arrivons pas d’abord à prévoir notre passé et ce qu’il fait continuellement de nous,

inutile d’apprendre à vivre si nous n’apprenons pas d’abord à mourir,

inutile aussi, gentille mademoiselle, d’essayer de m’offrir vos bonbons,

je vous remercie mais je ne les accepterai jamais.

Ça suffit avec ces bonbons scientifiques, avec les inscriptions à gros caractères,

Active A, B, C, D, et toutes les lettres de l’alphabet, y compris les étrangères,

au potassium, au sodium, à l’hydrogène, à la formule de la bombe atomique,

mais qu’est-ce qu’un bonbon sans sucre ? une contradiction dans les termes, une erreur de la nature.

Où sont passés ces bonbons rouge sang ou vert émeraude

Remplis de colorant pur, ingénu et sain ?

Disparus, comme les mouches d’été, comme toi Charles,

peut-être reposent-ils dans des magasins d’alimentation sombres et désuets de village,

peut-être qu’un jour j’irai les chercher, gentille mademoiselle.

 

 

 

****

 

LA NOUVELLE RELIGION

 

 

 

Ils ne fréquentent pas mon quartier, ils ne prennent pas souvent les cars et les bus,

Mais je les vois quand même matin et soir, et aussi l’après-midi,

Les adeptes de la nouvelle Religion .

La plus terrible, la plus bigote, la plus intégriste, parce qu’elle peut se passer de Dieu .

Elle ne se contente pas seulement du dimanche et les mécréants ne sont ni gentils ni intouchables

Mais ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui, dans le meilleur des cas

S’esquintent en quelque succursale périphérique de la divinité.

Ses églises surplombent les  pelouses dégivrées des zones résidentielles,

Toutes plus vertes que la Suisse et à dix minutes du Colisée,

Paix, parkings, suicides au silencieux, un lavage pérenne de voitures et de consciences,

enfants en mountain-bike qui peuvent tourner l’angle de la rue sans être renversés par les albanais,

vigiles nocturnes qui portent des étoiles dorées et des tenues fantomatiques .

Mais la nouvelle religion célèbre des messes vingt-quatre heures sur vingt-quatre,

le samedi après-midi dans les allées lustrées et funéraires des grands centres commerciaux,

ou quelques heures après à bord de voitures bondées de James Dean assurés,

sans oublier celles qui sont en double file pour le petit crème et le croissant d’une heure .

Des évangiles personnalisés sont disponibles

même pour qui préfère le désespoir tranquille du foyer,

la brume irisée tombe ponctuelle sur les plaines hyper technologiques .

Mieux que des petites vieilles bras dessus-dessous à la sortie de la paroisse

Ou des chefs de famille sérieux qui ouvrent le journal pendant que les filles apportent les gâteaux .

Aujourd’hui on a plutôt affaire à des Saint François qui vendent des matelas en latex,

des Savonarole qui savent se servir de Power Point

et qui enregistrent leurs sermons sur la rubrique du portable,

à des jeunes largués qui n’ont plus la rue comme maîtresse, même pas ça,

mais des agences immobilières pleines de bibelots et d’affiches spirituelles .

 

 

 

 

 

 

 

ANDREA D'URSO

 

Andrea D'Urso  est né à  Roma en 1970. Il travaille a’ la RAI (Radio Television Italiènne)  et il collabore avec la revue Ciminiera.

Il a suivi pour la banque « Mediocredito » la réalisation d’un livre avec toutes les citations littéraires concernant la ville de Rome au XX siècle, et ses narrations et poesies sont publiées par les revues Storie, Nabanassar, Poesia e Spirito,  Achab, Imperfetta Ellisse, Liberinversi, Poiein, (Italie) La Nef des Fous, Nouveauxdelits, Chaoid, La Revue des Ressources, Comme en poèsie, La page blanche, Cahiers de poemes, Moutarde, Bordel, Decharge,   (France), Arabesquespress (Algerie) et, Brèves,  Le Quartanier, Virages, Moebius, Liberté  (Canada ).

Il a collaboré pour le thêatre avec Nino Manfedi.

blog http://ildolceforno.splinder.com

Bibliographie:

"L'ironia delle cose" Lalli Editore,  Siena
" Occidente Express" Ennepilibri, Imperia
Prix Litteraires
R.Bertelli (Casciana Terme)

 

 

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