À quatre absentes
1.
et mourir, peureuse armée
d’amies amenées pourrir
sous l’arbre, debout jambes écartées
(sous l’amie, gisant bouche ouverte
l’âme malmenée d’un rire
faux, j’attendais la pluie
sur l’amie, et cætera)
doux souvenir de l’amie mais !
nous n’avions plus rien à nous dire
2.
avec cette coupe de cheveux
tu as l’air d’une autre, que j’ai
aimée
été à un doigt de posséder, qui est
passée sous un train
te voir ainsi est
tristement bandant
3.
« Tu est une autre »
Je remets à demain cet autre que tes mains
ont laissé sangloter :
seul ;
désemparé ;
nu
devant l’aurore ténue de ton baiser carmin ;
traîtresse ; continu.
traversé d’un appel
(Tes tresses démasquées d’un recel contenu.)
Tes tresses démesurées, je les avale.
Ton pouls, je le bois.
4.
le bruissement des pierres
s’éteint au point d’équilibre –
tes fesses qu’étire ton assise
sont le gouffre où je veux plonger
en oubliant de partir
– inversement se retire
la caresse du souffle
s’éteint au point d’équilibre –
ton flot qu’étire ton bassin
est la source où je veux boire
sous ton ventre durci
– inversement se retire
la douleur de distance
s’éteint au point d’équilibre –
ta foi qu’étire ton absence
est l’amer où je veux m’écouler
dans le sillon de ta peau tendre
– inversement se retire
le bruissement des vagues
s’éteint au point d’équilibre –
tes fesses qu’étire ton assise
sont le gouffre où j’ai vécu un an
mentons c’est l’heure il faut partir
– inversement se retire
Poèmes extraits de Ensuite, (2011)
ANTOINE BARGEL
Il se présente :
Né en 1983, j'ai publié deux recueils de poèmes, Silences, 2004, et Le sexe peint, 2007, aux
éditions La cinquième roue. Je dirige actuellement le domaine étranger de la collection Littératures des éditions Aux forges de Vulcain, et travaille comme traducteur littéraire. Mon site:
antoinebargel.com