Il aurait voulu lui offrir des fleurs
Ce fut un coup de foudre
Un coup d’amour un coup d’éclair
Un fracas de tonnerre
L’homme debout perdu dans le paradis bleu
De ce visage le regard de l’Étrangère
Voici l’homme tremblotant et blême
Dans le vertige du moment sublime
Que faire pour marquer l’instant terrible
IL aurait voulu lui offrir des fleurs
Des hibiscus mauves et blancs
Des allamandas jaunes perlés de fines rosées
Il aurait voulu lui offrir
Des nénuphars à fleurs blanches
Ouvertes le jour pour saluer le soleil
Fermées la nuit sous le regard de lune
Il aurait voulu lui offrir
Des jacinthes d’eau
Aux pétioles de velours
Pourquoi pas des ipomées
Ou de petits cacias des Iles Vierges
Il aurait voulu lui offrir
Des orchidées bariolées
Des alpinias des Iles du Pacifique
Des balisiers rouges
Dressés fièrement
Comme des danseuses andalouses
L’homme s’approcha de l’Étrangère
Et lui dit
« Je suis à vous
À la vie à la mort
Comment devenir votre Petit Prince
Je voudrais vous offrir des étoiles »
Paris, juillet 2012
***
Concerto pour un homme seul
Tu ne sais jamais pourquoi, soudain la nuit, le retour des cauchemars. Tels les troupeaux qui au coucher du soleil rentrent au bercail
Tu habites une maison hantée où tu promènes tes fantômes
Hier encore tu traînais tes rêves dans des gloires éphémères tu te croyais Milord et Prince des Asturies
Voilà que tout s’écroule comme château de cartes sans crier gare
Le rideau est tombé et les corridors sont vides. Les figurants ont déserté la scène et les lumières une à une se sont éteintes au bruit de tes pas
La coupe est amère qui prodiguait jadis des bulles exquises
Maintenant c’est l’hiver. Comment dégeler un cœur à l’encan ?
Tu souffles sur les cendres des amours mortes et nul phénix ne s’envole
des fumeroles
Parfois tu t’accroches aux rideaux dans un cri de rage folle
Tu t’agrippes aux murs défiant la cohorte des ombres aveugles
Tu te recroquevilles au creux de ton histoire en remugles
Tu t’installes dans le compte à rebours qui sonne le glas des vieilles utopies
Survivras-tu à l’hiver ?
Au milieu des vertiges sans trêve ni répit tu te perds dans les nébuleuses de mots qui partent en volutes
Et tu traînes ta carcasse d’une pièce à l’autre dans des murmures las
Pourquoi suis-je si loin du printemps ?
Pourquoi suis-je si loin du printemps ?
Les chauves-souris par centaines rôdent autour de la maison.
C’est une nuit froide et sans lune.
juillet 2012
BARNABE LAYE
Barnabé Laye, poète et romancier né à Porto-Novo (Bénin), a mené de front son métier de médecin et sa vocation littéraire. Il a publié une douzaine d’ouvrages. Ses derniers livres de poésie sont :Requiem pour un pays assassiné, 1999, 2èmeEd. L’Harmattan, 2008 (français-anglais) ; Poèmes à l’Absente, 2010, Une si longue attente, Ed. Acoria, 2010 ; Par temps de doute et d’immobile silence (à paraître).
Il a reçu le Prix Nelligan 2010 pour l’ensemble de son œuvre poétique.