à la molle saison
L'été n'y est plus
on dîne au chaud
ça sent lentement
des feux de soupe
fond de filet à notes
un souffle au saxo
un feutre de soirée
ombres si douces
nos mains éclairent
comme un halo de
cette lumière jaunie
du temps resté clos
on sait poser nos lèvres
sur des vins d'armoire
des alcools au miel
en sentir la gaieté
la maison s'allonge
elle a des mimiques
convenues des signes
aux coussins canapé
maintenant un piano
là, dos si rond
effiloche un bout
de temps s'approche
les mains s'ouvrent
de nuit où brille
la soie des couvertures
à la molle saison.
l'heure à 3 sonnets
Le sable rouge
coule dans ta main
chaque grain fin
roule à tes lignes
force toi à entendre
le freu-freu continu
ce son presque sourd
de ton jour qui fuit
écoute tout ouvert
tout ce qu'il contient
TOUT à chaque grain
rien n'est ailleurs
immense et riquiqui
sonne comme pareil !
*
le grain s'observe
charnu tu le crèves
du jus de la sève
un drôle de brouet
ça sent sueur d'être
odeur bancale banale
pour commencer mal
j'ai déjà vu déjà passé
et tu insistes en têtu
pour trouver la piste
pour découvrir l'idée
c'est ténu mais ça ressort
un objet indéterminé c'est
lui tout l'or, ton seul projet
*
Que vais-je en faire
comment l'apprivoiser
du coucher au lever
chaque jour recommencer
par 1,2,3 et A,B,C
vaincre ma sottise
repousser ma vanité
sculpter dans la remise
à forger tant d'obscurité
la tête basse à ahaner
plié plein de crevasses
enfin tenir dans sa paume
polie de nuit la croix ultime
le merveilleux du grain de vie.
JACQUES CEAUX
Plus d'infos : http://www.le-capital-des-mots.fr/article-le-capital-des-mots-jacques-ceaux-108001369.html