Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - DALI

Publié par ERIC DUBOIS sur 17 Février 2013, 22:02pm

Catégories : #poèmes

 

Comme un cadavre qui dit je t’aime



Chaque soir c’était le même rituel, bien qu’il pleuve, c’était sa balançoire son soleil.

C’était sur sa balançoire qu’elle oubliait tout ce qu’on grave en vous pour l’éternel.

Dans cette douce plénitude, personne ne savait qu’ici était sa seule certitude immaculée.

Quand son souffle devenait celui du vent, sa vie devenait un songe invincible et parfait.



Ce soir, la balançoire grinçait seule dans le noir, comme un cadavre qui dit je t’aime.

On aurait dit qu’elle était pendue dans le ciel, allongée dans les étoiles tel un doux blasphème.

La quiétude transparaissait parfois dans les arbres étourdis par les ombres qu’on caresse.

Au milieu de ce jardin désert, les rires abîmés d’autrefois étaient devenus des cendres d’ivresse.

 

 

**

L’Urne humaine



C’était l’automne quand elle se rasa le crâne devant son miroir inanimé.

Alors que d’autres mouraient, elle sentait son crâne frémir sous la lame qu’elle apprivoisait.

Ses cheveux blonds éparpillés sur le sol comme des cendres de vie, firent pleurer sa mère.

Dans le silence de ses grands yeux troués, elle noua avec soin un bandeau très clair.



Le mal est fait et rien n’y fait, il y a cette chose putride qui la dégrade.

Ses sentiments sont des écorchures dont la mort fait la funeste parade.

Elle ne parle plus, elle ne pense plus, à quoi bon penser à une nuit d’aurore.

Par la fenêtre blanche elle observe les enfants et rêve dans l’ombre à voler leur vie, encore.



Un matin murmurait-elle, la poupée noire partirait pour ailleurs, avec son monstre et sans un mot.

Ambre s’est jetée sous le train qui filait, tout comme une étoile filante.

Et à cet instant la pluie n’avait jamais été si fine, si scintillante et bruyante.

Bientôt les gens se bousculent sur le quai, crient et hurlent… Mais Ambre a perdu le fléau.



Ambre est partout sur les rails et ses yeux sont maintenant fermés comme le tombeau des pleurs.

Ambre aimait bien le bruit du train, et y pensait souvent avant de s’endormir.

C’était sa musique, avec pour uniques paroles les maux de son cœur.

Ambre est enfin libre, comme un papillon dont l’affliction n’est qu’un souvenir.



Aujourd’hui il fait nuit car Ambre est morte. Ambre s’en est allée dans la nuit.

Ambre habite là-bas, dans le bâtiment blanc, ou elle guérit en vain une vilaine maladie.

Ambre est malade, las d’ouvrir ses si beaux yeux gris et de respirer son odeur mélancolique.

Ambre est jolie sous son parapluie sombre qu’elle tient comme un gros chagrin poétique.



***

Les quatre saisons



Marron. L’arbre s’éveille et revit. Dans son écorce est resté ton fantôme.

La vitesse t’a propulsé au-delà de cette famille qui ne dort plus.

Et au bord de cette route qui saigne, l’amertume du deuil comme arôme.

Chaque jour de pluie dans l’avenue, les larmes de saisons s’écoulent du souvenir revêtu.



Bleu. Le ciel semble l’océan, et sur le balcon l’absence appelle au présent douloureux.

Le grand amour est parti. Seule, c’est avec un air d’opéra que s’entremêle le bruit du feu.

La grande chanteuse va mourir lâchement, avec l’espérance que les secours l’oublient.

Sous cette chaleur sublime, le soleil signera ce matin l’ultime refrain de vie.



Gris. C’est l’automne. Le cœur maussade, l’arbre fonce et se dégarnit.

Aujourd’hui. C’est la fin du calvaire. Elle va l’assassiner. Sans un cri.

Ce mari malade qui boit la tasse, elle ne le supporte plus.

Bientôt il faudra l’oublier, oublier murmura-t-elle, avant qu’il ne se tût.



Blanc. Tout est blanc dans le grand repaire qui ne s’éteint jamais.

Les flocons irréels s’entassent sur son corps inanimé.

Le décor comme un rêve cette nuit l’avait extirpée de son lit.

Elle avait marché des heures avant que le froid l’absorbe dans sa nuit.

 

 

DALI



 

 

Dali, de son vrai nom Marie Collignon, est née en Meuse le 12 juillet 1993. Jeune fille idéaliste et passionnée, elle a toujours pensé l'écriture comme la libération émotionnelle capable de transcender les codes moraux et d’aller au-delà de tout.





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