1
dans le fenil d'Emile
il y a Gladys
la belle Gladys
qui glapit de plaisir
avec un autre
un autre un autre
dans les allées du jardin
il y a Gladys
la belle Gladys
qui court
à toute volée à perdre haleine
à perdre la raison à tout
perdre échevelée
à demie nue
Gladys toute affolée
derrière Gladys la belle Gladys
il y a Emile
qui hurle éructe
vocifère à s'époumoner
qu'il va la tuer
je vais te tuer
Emile brandissant sa fourche
Emile derrière Gladys sa belle
Gladys je vais te tuer
2
n'avoir soudain plus rien à se dire
et l'avoir toujours su
peut-on tout écrire comme
on peut tout dire
la beauté des émois de ceux qui savent
je veux seigneur
savoir si vous aimez
juste après
plus rien
ardant mystère de la pensée magique
mille morceaux d'une histoire
noyés dans un océan profond
ne sens tu pas venir son amour au
grand galop ne l'entends tu pas
gronder rugir et se débattre pour
éclater au grand jour nouveau
3
aveugle aveuglée
la toute petite ombre du phare
si loin le vent salé
du sable sur sa peau
des mots ruisselants de soleil et d'iode
pour ne pas oublier rien
perdrougagner
ce qui insiste
ce qui fatigue
ce qui demeure
ce qui travaille
ce qui gangrène
ce qui pourri pèse
seule une princesse peut croire
qu'elle peut échapper à la colère
le goût du savon dans la bouche
l'odeur du sang sur les doigts
n'avoir soudain plus rien à se dire
du tout
plus rien à dire
rien
4
juste l'air fendu net par le vol piqué
plongé en rase motte au dessus de
ma tête jusqu'au nid engouffrée là-
haut disparue bien cachée dans un
trou du vieux mur de la cour de
l'école
silence soudain
conversation suspendue
hirondelle ou pipistrelle ?
ISABELLE GROSSE
Plus d'infos sur : http://www.m-e-l.fr/Isabelle%20Grosse,494