Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS- JACQUES ROLLAND

Publié par ERIC DUBOIS sur 28 Novembre 2011, 12:29pm

Catégories : #poèmes

Quelques aphorismes, (aphorèmes ?)

 

 

 

 

 

 

 

Un aphorisme a l’air d’un point final : il clôt l’écriture. Et le plus réussi mettrait un terme à toute velléité de littérature si nous n’étions contraints pour vivre de toujours céder à la tentation de la vérité.

 

*

 

Exilé des jardins de l’enfance, tu avances dans la vie comme un marcheur distrait surpris par la marée montante du temps.

 

*

 

On vient de loin, de nulle part, jeté par la vague, étonné d’être en vie, médusé par son enfance.

 

*

 

J’aurais bien aimé vieillir avec une mémoire d’estive, des épaules de buron.

 

*

 

Le goutte-à-goutte des heures, l’instillation du temps par tous les pores, jusqu’au vertige. Alors on parle, on rit, on bataille, on monte le son pour faire diversion. Mais le poignard languit dans la plaie.

 

*

 

L’instant calamiteux qui fuit entre l’achevé et l’improbable.

 

 

*

 

A la fin du voyage, pressé comme jamais, le temps ne s’arrête plus dans les gares.

 

 

*

 

Entrer dans la vieillesse, c’est prendre les bulletins météo pour des bulletins de santé.

 

*

 

Pas trouver mieux qu’une virgule pour entraver le temps. Quelle pitié !

 

*

 

À vendre, urgent : solitude sans fond avec vue imprenable sur le néant.

 

*

 

Rien d’autre à faire qu’attendre…mais quoi ?

Attendre, inoccupé, intransitif.

 

*

 

Un seul morceau de bois sec, mort, brisé net en chemin, décourage en moi toute promesse de salut.

 

*

 

Il n’a plus de présent depuis qu’il croit qu’un jour nouveau remplacera le jour qui meurt.

 

 

*

 

Tu écris sans assurance, tu t’élances sans filet au devant de quoi, sur quel chemin sans issue, barré un soir par un : « désolé, on ne passe pas ».

 

 

*

 

Écrire comme on appelle le 18. Sauve qui peut !

 

*

 

Éprouver le manque jusqu’à la sidération !

 

*

 

Mes sens magdaléniens… Mon instinct de bête traquée…

 

*

 

 

 

D’où me viennent ces afflux de sanglots irrépressibles ou ravalés de justesse, ces accès imprévisibles de pathos ?

Impression de me retrouver tout nu en pleine lumière, une main en cache-sexe sur le cœur.

Rien à faire, j’ai la gâchette lacrymale facile, sans doute un problème de digues emportées par des crues successives.

 

*

Face aux paroles crayeuses, âpres, rugueuses, avilies parfois, on se dit qu’il ne faudrait s’en tenir qu’au silence, à la seule lecture intérieure et muette du spectacle des mots.

 

*

 

LES MOTS FURENT MES PLUS BEAUX PAYSAGES.

 

 


 

 

JACQUES ROLLAND

 

 

 

 

Jacques ROLLAND :

 

De nombreux poèmes ont été publiés sous son nom ces dernières années dans des anthologies et des revues papier ou en ligne : « Poètes faces à la vie » (Athanor), « Du souffle sous la Plume n°2, n°3 » (Les Joueurs d’Astres 2010),Visages de Poésie T.5 J. Basse Ed. Rafael de Surtis, Le Capital des Mots, Francopolis, Pleutil, Ecrits…vains ?, Comme en Poésie, La Page Blanche, Les Cahiers de Poésie…

 

 

 

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