L’enterrement de la sardine
Au peintre, sculpteur et poète iranien Bahman Mohassess vu dans le film Fifi hurle de joie
Dans un hôtel en Italie
Une sardine
Qui n’avait pas peur du Shah
Fumait et buvait un café
Serré
Contre son ennui
Une sirène
Venue d’Iran
Vint voir le tyran
Et le flatta
Sans peine
De faire son portrait
Pour la postérité
Le célan
Banni de tous les bancs
Crut voir
Sur le tard
Profit et caviar
Des merlans de haut rang
Plutôt que d’être mangé
Par les on-dit des autres gens
On lui fit choisir ses ornements
Le beurre et le vinaigre en accompagnement
L’argent et les honneurs en accomplissement
La murène n’aimait pas mariner
Elle invita des mérous
A tendre leurs filets
La sardine n’y vit que du bleu
Et légua
Toute son armée de brochets
A la gloire d’un musée
La capitaine qui avait la dent dure
Plia les ombres du mur
Achevant le temps
Dans un bain de sang
Prise par ses rêves d’océan
La maline ne put s’échapper
Cédant au chant
De l’intéressée
Qui ne fit qu’une bouchée
De l’exilée et de sa fière destinée
15 décembre 2013
LAURE WEIL
Elle se présente :
Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes,
dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour
restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on
sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme
s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.