Alme amer
(A Stéphane, mon frère)
D’un esprit de grève abdiquant,
Une émotion douce soulève
Ce fil mort qui tenait le glaive
Amer au suspendu piquant.
Passage, bief, aux saisons lentes
Où glisse en sinueuse nef,
Insubmersible et derechef,
L‘envie émue aux déferlantes !
Inapte, du rêve aux cheveux
Arrachés - splendides aveux !
Miroitant, merveilleux, à rendre ;
Psalmodiant ce code obtus,
Le syntagme ocellé de cendre
Trahit le langage en vertus.
***
Elle était posée en l’île
Trouble de la solitude ;
Au récif où nulle idylle
Ne luit - ni mansuétude.
La lumière, comme une aile,
Venait caresser sa joue
Et vraiment c’était tout elle
Qui passait dans cette moue.
Elle regardait le ciel
D’un œil vague mi-fermé ;
Ses cheveux coulaient en miel
Leur caractère affirmé.
De sa bouche fière et rouge
Fuyait une cavatine
Sans cependant que ne bouge
Ni sa moue et ni sa mine.
Belle, bronche un peu du col !
Que j’admire avec plaisir
Tes façons de rossignol
Sous tes poses de fakir.
Mais la belle de sourire
Et c’est comme plonge un ange
Aux tourbillons du zéphire
Quand sa lèvre me démange !
***
Toute cette eau dans l’air et l’odeur du sous-bois,
Tant de mousse et d’humus sous d’obliques lumières
Font un monde de fée aux saveurs familières,
Une immensité calme, offerte et sans abois.
Dédales verticaux où s’égare le vent,
Agitant, hors d’échos, sylvestre cathédrale,
La frondaison voûtée affaissant en spirale
Son intrados viride en orémus fervent.
Un silence excessif, béant, pose son ombre
Sur l’humide clarté d’où palpite sans nombre
Le nucléide étrange au pouvoir ténébreux.
Dans les frelons tendus en nuage invisible
Passe un vieux paysan qui glane un bois fibreux
Comme si, comme ici, tout semble si paisible…
SALUS
Poète autodidacte né en 1963
Ouvrier du bâtiment.
Sensible dés l’enfance à la musique des mots, appréciant, avant de les comprendre, Vigny, Hugo, Rimbaud et Baudelaire…
Amoureux de la nature et de l’émotion, prônant le « funambulisme littéraire », lecteur éclectique, écrivant depuis toujours, mais sans plaisir, et de la poésie depuis 2007, avec fougue !
En 2009, a publié, à compte d’auteur, « le pangolin des landes » aux éditions Baudelaire (épuisé)
Chasse obstinément le meilleur, reste susceptible du pire ;
défend une évolution poétique lente et acharnée ;
aime la rime, Villon, Valmore, Verlaine, Artaud, Mallarmé, Valéry…
mais aussi Char, Camus, Colette…
A écrit de rares poèmes en prose, admet l’idée d’une poétique sans règle tout en défendant le pouvoir de la contrainte littéraire.
Etre décalé, marginal, riche seulement de contradictions :
.
« Lui songe, et cherche à coudre avec des mots
Entrelacés des sons quasi jumeaux
Pour qu’il en sorte un sens supplémentaire
Et qu’éclose une émotion solitaire… »