François Garros Le violon déchiré A-T éditions
Livre d’artiste (26 exemplaires)
Il est difficile d’écrire sur l’absence et c’est encore plus délicat quand l’absent est un enfant…
Le poète le sait bien et l’écrit :
« Peut-on écrire sur l’absence
le doit-on »
François Garros a su trouver le ton juste, émouvant et sans pathos. En 9 poèmes à l’écriture dense, il va au plus près de la douleur avec une extrême pudeur, ses mots sont accompagnés par l’archet du violoniste.
Il y a une communion profonde entre « la douleur » qui « rôde » et les notes du quatuor qui s’élève dans « l’église quasi désertée ».
Il est des moments où le ciel semble n’être d’aucun secours ; il faut pourtant essayer de trouver le juste mot, or écrire sur l’absence, cela ne peut se faire sans « rature sur la page », le plus souvent l’écriture est « collage indélicat » mais cependant nécessaire, indispensable pour avoir la force de regarder et d’entendre. Dire aussi que si le violon et l’archet font vibrer les notes de Beethoven, Brahms ou Chostakovitch, il a fallu aussi que l’arbre aux branches noueuses tombe à terre.
« les branches des violons
sont venues de la terre
comme des archets noueux »
Pour pouvoir dire l’absence, il faut savoir regarder et « frôler / … jusqu’au pollen/ de la fleur absente/son pistil déchiré. »
Des mots pour porter la douleur comme le « violon déchiré…ses brisures de sons/ aux morceaux d’octave/ vers le ciel ». Le poète pour « semer les mots » et essayer « d’atteindre l’éternel / dans sa fugacité humaine » et pouvoir dire que malgré l’absence :
« l’essentiel est au centre
….
Les branches des archets
reviennent vers le cœur ».
François Garros est aussi peintre, il a illustré ce recueil avec un dessin original qui évoque avec douceur et grande force, la présence et l’absence ; le corps suggéré se déploie dans un mouvement qui semble le soulever et l’emporter avec retenue et délicatesse.
Ghislaine Lejard
GHISLAINE LEJARD
Plus d'infos : http://ghislainelejard.blogspot.fr/