La bêtise ou plus exactement la connerie ne se caractérise pas tant par l’incapacité de comprendre, que par le refus même d’essayer. La connerie c’est le blocus de l’esprit, l’embargo sur la connaissance.
L’autre jour maman ne voulait pas en démordre : son père feu Jean Saby était dans son esprit devenu aussi le mien… Du coup elle faisait de moi tout à la fois son fils et son frère… Tristesse, compassion, révolte, tendresse… pas assez de mots pour dire…
Encore étourdi par sa résurrection, poussant la pierre qui obstruait son tombeau et levant les yeux au ciel avant d’en entreprendre l’ascension, il ne serait pas surprenant que le messie lui-même ait trouvé la chose insurmontable !
Je comprends trop tard que l’écriture sera mon plus grand remord.
On préfère croire à l’accident plutôt qu’à la mort naturelle, au malentendu plutôt qu’à l’inéluctable.
On pleure, on rit, on s’effeuille : le présent est le fossoyeur du passé.
Il ne fait pas bon être seul tout seul.
Le moment vient toujours où le nageur s’épuise et renonce, comprend qu’il ne reviendra pas. Se souvenir c’est nager à contre courant.
Je ne cherche à briller que pour masquer le trou noir autour duquel gravite mon existence.
Je ne sais pas où le poème prend sa source mais je sais bien où il se jette !
Quoi ma terre ? Qu’est-ce qu’elle a ma terre ?
Elle ne tourne plus très rond
avec sa gueule d’atmosphère
son pétrole en mer
et sa mer sans poissons.
Vivre sous le seuil de pauvreté intellectuelle…
Mes notes, mes aphorismes, mes poèmes : des pense-bêtes, oui des pense-bêtes… et je pèse mes mots.
Sans doute me suis-je fait une idée si terrorisante de la vieillesse que l’âge venant j’ai tendance à trouver les gens plus jeunes qu’ils ne sont en réalité : je fais un déni de déchéance.
A l’oral, logorrhéique je galvaude, je divague, bref je parle pour ne rien dire. A l’écrit je précède toujours chaque mot d’un effort, d’un doute, d’un renoncement… mais pas de la certitude d’être plus audible.
Qui peut tout à fait se résoudre à la vérité, au réel, renoncer au chant, à l’enchantement, me saisit d’admiration et d’effroi.
Si vous cherchez une rime à âge, dites outrage.
C’est tout de même une sacrée contradiction que jeter aux chiens toute tentative de donner un sens à l’existence tout en s’employant, souvent avec ferveur, à le faire savoir à la ronde… Preuve sans doute qu’on ne peut vivre sans quelque espérance et que le suicide n’est pas donné à tout le monde. (Post-scriptum : que les chiens aient la bonté de m’absoudre).
Que les masques tombent, on verra bien alors que tout ça n’était pas sérieux.
Un poème m’a sauvé la peau : ma peau aime la poésie.
Je donnerais tout ce que j’écris contre l’évidence d’une chanson de Brassens.
- Pourquoi t’as les cheveux blancs, Georges ?
- Pour mettre un peu de neige sur mes idées noires.
J’ai le pessimisme de moins en moins joyeux.
Jacques Brel compare dans un entretien un homme malheureux à « un mardi gras qui a mal tourné ». Il écrit aussi dans une lettre à son frère que la vie est une farce qu’il faut faire sourire.
Comment dire mieux : oui, le malheur c’est un mardi gras qui a mal tourné.
Pessimiste pour trop aimer, pessimiste par amour…
Le temps passe… il faut que je me dépêche de ne pas mourir.
JACQUES ROLLAND
Jacques ROLLAND vit à Villeurbanne près de Lyon. De nombreux poèmes ont été publiés sous son nom ces dernières années dans divers sites ou revues (papier, en ligne) : La poésie que j’aime, Francoplolis, Ecrits…Vains, Pleutil, La page Blanche, Comme en Poésie, Les Cahiers de Poésie, Les Tas de Mots, Le Capital des Mots… et anthologies : « Poètes face à la vie »( Éditions de l’Athanor) «Du Souffle sous la Plume » n°2, n°3, n°5, n°, Plume première pour « Marée montante » du recueil « N°1 Boulevard des Plumes » ("Les Joueurs d'Astres" Éditions), « Visages de Poésie » (Jacques Basse - Anthologie n°5 - Éditions Rafael de Surtis)…